non la production d’une moisson nouvelle. Grande est la pauvreté de leurs inventions. Elle était belle, et il tomba amoureux. L’argent, le meurtre, le Juif errant, le fait de persuader à l’amoureux que sa fiancée est engagée à un autre, ce sont là les grands ressorts : il y a des noms nouveaux, mais aucune qualité nouvelle chez les hommes et les femmes. D’où le vain effort pour conserver quelque fragment de cet or féerique, qui a roulé comme un ruisseau à travers nos doigts. Mille pensées se sont éveillées ; de grands arcs-en-ciel ont paru embraser l’horizon — c’était comme un matin dans la montagne — mais nous fermons le livre, et pas un rayon ne demeure dans la mémoire du soir. Mais cette passion pour le romanesque, et ce désappointement, montrent combien nous avons besoin d’attitudes réelles et de pure poésie : une poésie qui nous montrera dans les matins et les nuits, dans les étoiles et les montagnes, et dans toutes les conditions et les circonstances des hommes, une analogie avec nos propres pensées, et la similitude des impressions que font un livre vrai et l’aspect de la Nature.
Si notre époque est stérile en génies, nous devons nous réconforter par les livres des esprits féconds et croyants qui avaient autour d’eux de l’air et de l’espace. Toute heureuse fiction, tout mythe, toute biographie d’un âge religieux, toute événement d’amour, et même la philosophie et la science, quand elles procèdent de l’intégrité intellectuelle, et n’ont pas un caractère de détachement et de critique, contiennent un élément imaginatif. Les fictions grecques, l’histoire persane (Firdousi), le Younger Edda des Scandinaves, la Chronique du Cid, le Poème