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terre, et comme remède les hommes courent à Byron, Scott, Disraeli, Dumas, Sand, Balzac, Dickens, Thackeray, et Reade. Leur éducation est négligée ; mais la bibliothèque circulante et le théâtre, comme la pêche à la truite, les Montagnes Notch, la campagne de l’Adirondack, un voyage au Mont Blanc, aux Montagnes Blanches, et aux Ghats, fournissent les compensations qu’ils peuvent.

L’imagination infuse un certain sentiment de légèreté et d’enivrement. Elle possède une flûte qui fait entrer en danse les atomes de notre constitution, comme des planètes ; et, une fois ainsi libérés, une fois l’homme tout chancelant et grisé de musique, ils ne retournent jamais à leur ancien état pétrifié. Mais qu’est-ce que l’imagination ? Ce n’est que le bras ou l’arme de l’énergie intérieure ; ce n’est qu’un précurseur de la raison. Et les livres qui traitent les vieux pédantismes du monde, notre époque, les situations, les professions, les coutumes, les opinions, l’histoire, avec une certaine liberté, qui classent les choses non d’après les usages de l’Amérique et de l’Europe, mais d’après les lois de la droite raison, et avec une indépendance aussi hardie que celle dont nous usons en rêve, nous mettent de nouveau debout, nous rendent capables de juger personnellement de nos devoirs, et nous suggèrent pour le lendemain des pensées nouvelles.

Lucrezia Floriani, Le Péché de M. Antoine, Jeanne, et Consuelo, de George Sand, marquent de grands progrès sur les romans au dénouement unique, que nous lisions tous il y a vingt ans. Cependant, comme les romans sont encore loin de la vie, des habitudes et des mobiles d’action ! La vie gît