Les traductions respectables, et quelquefois excellentes, de la librairie Bohn ont fait pour la littérature ce que les chemins de fer ont fait pour les relations internationales. Je n’hésite pas à lire tous les livres que j’ai nommés, et tous les bons livres, en des traductions. Ce qui a réellement de la valeur en un livre est traduisible — toute intuition réelle ou tout large sentiment humain. Qui plus est, je remarque que dans notre Bible, et dans les autres livres de haut accent moral, il semble aisé et inévitable de rendre le rythme et la musique de l’original en des phrases également harmonieuses. L’Italien a un trait blessant contre les traducteurs — i traditori traduttori ; mais je les remercie. Je lis rarement un livre latin, grec, allemand, italien, ou même un livre français, dans l’original. J’aime me sentir redevable à la grande langue anglaise métropolitaine, mer recevant des fleuves de toutes les régions qui sont sous les cieux. Je songerais tout autant à traverser la rivière Charles à la nage quand je désire aller à Boston, qu’à lire tous mes livres dans le texte original, quand je puis en avoir la traduction dans ma langue maternelle.
Pour l’histoire, il est un grand choix de routes qui font pénétrer l’étudiant dans la Rome primitive. S’il peut lire Tite-Live, il a là un bon ouvrage ; mais il devra se servir d’un des brefs compendium anglais, de Goldsmith ou de Ferguson, qui placeront dans l’orbe les brillantes étoiles de Plutarque. Le poète Horace est la perle de l’âge d’Auguste ; Tacite est le plus sage des historiens ; et Martial l’initiera aux mœurs romaines — dont quelques-unes très mauvaises — des premiers jours de l’Empire : mais si on lit Martial, il faut le lire dans l’original. Ces auteurs