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désire rendre justice à l’homme du monde, dénoncer sans pitié les pédants, et voir la suprématie de la vérité et du sentiment religieux, il sera également satisfait. Pourquoi ne ferait-on pas avec cette œuvre l’éducation des jeunes gens ? Elle suffirait à instruire la race — à éprouver sa compréhension et à exprimer son jugement. On y trouverait ce qui a tant d’attraits pour tous les hommes — dirai-je la littérature de l’aristocratie ? — la peinture, par le premier maître, des meilleurs êtres, des meilleurs sentiments, et des meilleures manières de l’époque la meilleure — les portraits de Périclès, d’Alcibiade, de Criton, de Prodicus, de Protagoras, d’Anaxagore, de Socrate avec, à l’arrière-plan, l’aimable paysage d’Athènes et de sa campagne. Ou qui pourrait exagérer la valeur des images dont Platon a enrichi l’esprit des hommes, et qui passent comme la monnaie dans la circulation de tous les pays ? Lisez le Phédon, le Protagoras, le Phèdre, le Timée, la République, et l’Apologie de Socrate. 5o Plutarque, qui ne peut être retranché de la plus petite bibliothèque ; d’abord, parce qu’il est très facile à lire, ce qui est beaucoup ; ensuite, parce qu’il a quelque chose d’hygiénique et de fortifiant. Les Vies de Cimon, de Lycurgue, d’Alexandre, de Démosthène, de Phocion, de Marcellus et autres, sont ce qu’il y a de meilleur dans l’histoire. Mais cet ouvrage a fait son chemin lui-même, et l’opinion du monde s’exprime dans les innombrables éditions à bon marché qui le rendent aussi accessible qu’un journal. Mais la Morale de Plutarque est moins connue, et rarement réimprimée. Cependant le lecteur à qui je m’adresse peut aussi difficilement s’en passer que des Vies. Il y lira les Essais