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George Chapman a donné d’Homère une traduction poétique, quoique la plus littérale version en prose soit la meilleure de toutes les traductions. 2o Hérodote, dont l’histoire contient des anecdotes inappréciables qui l’ont mise chez les savants en une sorte de mésestime ; mais de nos jours, où l’on a découvert que ce qu’il y a de plus mémorable dans l’histoire c’est un petit nombre d’anecdotes, et que nous n’avons pas besoin de nous alarmer bien que nous n’y trouvions rien d’ennuyeux, elle reprend crédit. 3o Eschyle, le plus grand des trois tragiques, qui nous a présenté sous un voile transparent les commencements de l’Europe. « Prométhée » est un poème qui a la même noblesse et la même portée que le livre de Job, ou l’Edda des Scandinaves. 4o Platon dont j’hésite à parler, de peur de ne jamais finir. Vous y trouvez ce que vous avez déjà trouvé dans Homère, mais mûri, arrivé à la pensée — le poète converti en philosophe, avec des accents d’une sagesse harmonieuse plus élevés que ceux auxquels Homère a atteint, comme si Homère était l’adolescent, et Platon, l’homme achevé ; avec autant de sûreté toutefois dans le chant audacieux et parfait, quand il veut en user, et des cordes empruntées à un ciel supérieur. Il contient l’avenir, comme il sort du passé. En Platon, vous pénétrez l’Europe moderne en ses causes et son germe — tout cela, en pensées que l’histoire de l’Europe incarne ou a encore à incarner. L’homme instruit s’y trouve anticipé lui-même. Platon est au même point que lui. Rien ne lui a échappé. Toute récolte nouvelle dans la fertile moisson des réformes, toute idée neuve de l’humanité moderne, se retrouve là. Si l’étudiant désire envisager les deux côtés,