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Rhadamante avaient confirmé le jugement. C’est donc une économie de temps de lire les livres anciens et célèbres. Rien de ce qui n’est bon ne peut être conservé ; et je sais d’avance que Pindare, Martial, Térence, Gallien, Képler, Galilée, Bacon, Érasme, More, doivent être supérieurs à l’intelligence moyenne. Chez les contemporains, il n’est pas si facile de distinguer entre la notoriété et la renommée.

Veillez donc à ne lire aucun livre médiocre. Évitez les élucubrations de la presse sur les bagatelles du jour. Ne lisez pas ce que vous apprendrez, sans le demander, dans la rue et le train. Le Dr Johnson disait qu’ « il allait toujours dans les grands magasins », et les bons voyageurs descendent toujours dans les meilleurs hôtels ; car, bien qu’ils soient plus dispendieux, l’on n’y dépense pas beaucoup plus, et l’on y trouve la bonne société et les meilleures informations. De même, le scholar sait que les livres célèbres contiennent, du premier au dernier, les meilleures pensées et les meilleurs faits. De temps à autre, par quelque chance exceptionnelle, se trouve dans quelque stupide Grub Street[1] la pierre précieuse dont nous avons besoin. Mais c’est dans les meilleurs cercles que l’on a les meilleures informations. Si vous transportiez le total de vos lectures, jour après jour, de la gazette aux auteurs classiques — Mais qui oserait parler d’une telle chose ?

Il est donc trois règles pratiques que j’ai à offrir. — 1o Ne lisez jamais un livre qui ne soit vieux d’un an.

  1. Rue du vieux Londres, autrefois célèbre par sa population d’écrivains à gages, et d’auteurs de vingtième ordre (T.).