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LES LIVRES

Il est facile d’accuser les livres, et facile d’en trouver de mauvais ; les meilleurs ne sont que des comptes rendus, et non la chose dont on rend compte ; et assurément, il y a assez de dilettantisme, de livres qui sont simplement neutres et ne font rien pour nous. Dans le Gorgias de Platon, Socrate dit : « Le maître du vaisseau se promène simplement vêtu au bord de la mer, après avoir amené les passagers d’Égine ou du Pont, sans penser qu’il a fait quelque chose d’extraordinaire, sachant certainement que ses passagers sont restés les mêmes, et ne sont à aucun égard meilleurs que quand il les a pris à bord. » Il en est ainsi des livres, pour la majeure partie : ils n’opèrent en nous aucune rédemption. Le libraire peut être certain que l’achat et la consommation de sa marchandise n’ont à aucun égard amélioré ses clients. Le volume est cher à un dollar, et après avoir lu jusqu’à satiété les titres inscrits au dos, nous quittons le magasin avec un soupir et apprenons, comme je l’ai fait, sans surprise, d’un brusque directeur de Banque, que dans les salles de Banque, on estime que tous les pro-