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exploits soudains ont étonné l’humanité, comme si l’intelligence entreprenait l’éducation de la terre brute elle-même, et faisait pénétrer les premiers frémissements de vie et de pensée dans le cerveau rebelle ?

Il semble qu’il n’y ait aucune limite à ces nouvelles révélations de ce même Esprit qui d’abord a fait les éléments, et maintenant travaille par l’intermédiaire de l’homme. La théorie et l’application avanceront comme ils l’ont fait — feront sortir le jour de la nuit, le temps de l’espace, et l’espace du temps.

L’invention enfante l’invention. À peine le télégraphe électrique est-il imaginé, qu’on découvre la gutta-percha, la substance même qu’il exige. L’aéronaute est pourvu de fulmi-coton, le combustible qu’il lui faut précisément pour son ballon. Lorsque le Commerce s’élargit en de vastes proportions, la Californie et l’Australie découvrent l’or dont il a besoin. Quand l’Europe a trop de population, l’Amérique et l’Australie aspirent à être peuplées ; et ainsi, partout, chaque événement arrive à son heure, comme si la Nature qui a fait la serrure savait où trouver la clé.

Un autre résultat de nos inventions, ce sont les rapports nouveaux qui nous surprennent en donnant de nouvelles solutions aux problèmes politiques embarrassants. Ces rapports ne sont pas nouveaux, mais l’échelle des relations est nouvelle. Notre égoïsme aurait voulu conserver des esclaves, ou aurait voulu exclure d’une partie de la planète tout ce qui n’était pas né sur le sol de cette partie-là. Notre politique inspire le dégoût ; mais que peut-elle faire ou empêcher quand de temps à autre les ins-