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maison et de la ferme sont choses nouvelles ; la machine à coudre, le métier à tisser, la moissonneuse Mac Cormick, les faucheuses mécaniques, le gaz d’éclairage, les allumettes chimiques, et les immenses productions de laboratoire sont choses nouvelles en ce siècle, et une quantité de charbon d’une valeur d’un franc fait vingt journées de travail d’ouvrier.

Ai-je besoin de parler de la vapeur, ennemie de l’espace et du temps, avec sa force énorme et ses applications délicates, qui sert à porter dans les hôpitaux un bol de gruau au lit d’un malade, peut tordre des charpentes de fer comme un bâton de sucre candi, et rivaliser avec les forces qui ont soulevé et replié sur elles-mêmes les stratifications géologiques ? La vapeur est un scholar capable et un gaillard aux larges épaules, mais elle n’a pas encore fait toute son œuvre. Elle avance déjà dans la carrière comme un homme, et fera tout ce qu’on exige d’elle. Elle irrigue les moissons, et peut transporter une montagne. Elle doit coudre nos chemises, conduire nos tilburys et, guidée par M. Babbage, faire des calculs d’intérêts et de logarithmes. Le Lord chancelier Thurlow pensait qu’on pourrait l’amener à rédiger des décrets et des réponses de chancellerie. Si c’était là une satire, la vapeur arrive cependant à rendre nombre de services supérieurs d’ordre mécanico-intellectuel, et elle laissera la satire au-dessous de la réalité.

Quels soulagements matériels excellents nous avons apportés au corps humain, par l’art dentaire, par exemple, la vaccination, la rhinoplastie, le secours admirable de l’éther, pareil à un sommeil plus délicat, et la promesse la plus hardie de toutes — la