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de pain et de lait ; de même, il repaît ses pêches et ses raisins des aliments qu’ils aiment le mieux. S’ils ont un penchant pour la potasse, le sel, le fer, les os pilés, ou de temps à autre pour un cadavre de porc, il les satisfera. Ils gardent bien le secret, et ne disent jamais sur votre table d’où ils ont tiré leurs teintes de soleil couchant ou leurs saveurs délicates.

Voyez ce que le fermier accomplit avec une charretée de tuiles : il change le climat en laissant écouler les eaux qui par leur constante évaporation maintenaient la terre froide, permet à la pluie chaude de faire descendre dans les racines la température de l’air et de la surface de la terre, et approfondit le sol, car l’écoulement de ces eaux stagnantes permet aux racines de pénétrer au delà du sous-sol, et accélère la maturité de la récolte. La ville de Concord est une des plus vieilles de ce pays ; elle a déjà dépassé une partie de son troisième siècle. Tous les cinq ans les conseillers municipaux en ont parcouru les limites, et cependant, cette année même, sans que de nulle part s’élevât une protestation ou une plainte, on a découvert et ajouté à la ville une grande quantité de terrains. Par le drainage, nous avons atteint un sous-sol que nous ne connaissions pas, et trouvé que sous le vieux Concord, il y a un Concord dont nous tirons aujourd’hui les meilleures récoltes ; un Middlesex sous Middlesex ; nous avons trouvé enfin que les Massachusetts ont un sous-sol de plus de valeur que toute la superstructure, et qui promet de rapporter un meilleur revenu. Mais, par un phénomène d’association, ces tuiles ont acquis une valeur nouvelle. Ces tuiles sont des économistes politiques, elles réfutent Malthus et Ricardo ; ce sont autant de