a de vastes champs pour demeure, des bois pour allumer de grands feux, des aliments sains et en abondance ; son lait, du moins, n’est pas mêlé d’eau ; et quant au sommeil, il l’a à plus bas prix, et meilleur, et en plus grande quantité que les habitants des villes.
Des charges importantes lui sont confiées. Dans la grande maison de la Nature, le fermier se tient à la porte de la paneterie, et pèse à chacun son pain. C’est à lui de dire si les hommes se marieront ou non. Les mariages précoces et le nombre des naissances sont indissolublement liés à l’abondance des aliments ; en d’autres termes, comme le disait Burke, « l’homme se multiplie par la bouche ». Il représente aussi le bureau de Quarantaine. Le fermier est un capital de santé accumulé, comme la ferme est un capital de richesses, et c’est de lui qu’au point de vue moral et intellectuel sont venues la santé et la force des villes. La population de la ville se recrute toujours à la campagne. Les hommes des villes qui sont les centres de l’énergie, les ressorts du commerce, de la politique ou des arts pratiques, et les femmes qui représentent la beauté et le génie, sont enfants ou petits-enfants de fermiers, et dépensent les forces que la vie dure et silencieuse de leurs pères a accumulées dans les sillons couverts de givre, la pauvreté, la nécessité et l’obscurité.
Il est un bienfaiteur continuel. Celui qui creuse un puits, édifie une fontaine de pierre, plante un bosquet d’arbres au bord de la route, ou un verger, construit une maison solide, dessèche un marais, ou ne fait que mettre un siège de pierre au bord du chemin, rend dans la même mesure le pays aimable et