Page:Emerson - Société et solitude, trad. Dugard.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un Sanctuaire. Une maxime dont les formes de langage d’une époque plus rude ont doué le Droit commun, c’est que la maison de tout homme est son château : le progrès de la vérité fera de chaque maison un autel. L’homme n’ouvrira-t-il pas un jour les yeux et ne verra-t-il pas combien il est cher à l’âme de la Nature — combien elle est près de lui ? Ne verra-t-il pas, à travers tout ce qu’il appelle à tort le hasard, que la Loi domine à tout jamais ; que son être particulier en est une part ; qu’elle réside dans les profondeurs insondées de son cœur ; que son administration domestique, son travail, sa bonne et sa mauvaise fortune, sa santé, ses manières, tout est une scrupuleuse et exacte manifestation en miniature du génie de l’éternelle Providence ? Quand il saisit la Loi, il cesse de se décourager. Pendant qu’il la voit, chaque pensée, chaque action s’élève, et devient quelque chose de religieux. La consécration du Dimanche est-elle un aveu de la profanation de toute la semaine ? La consécration de l’Église est-elle un aveu de la profanation de la maison ? Interprétons la formule à rebours. Que l’homme se tienne debout. Que la religion cesse d’être chose de circonstance, et que les mouvements d’idées qui vont jusqu’aux confins de l’univers procèdent du cœur même du Foyer.

Ce sont là les consolations — ce sont là les fins pour lesquelles on fonde le foyer, pour lesquelles le toit se dresse. Si ce sont elles que l’on recherche, et si on les atteint en quelque mesure, l’État, le commerce, le climat, le travail de beaucoup pour un seul, peuvent-ils donner quelque chose de meilleur, ou qui soit de moitié aussi bon ? En dehors de ces