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conjugales, paternelles, et amicales, le foyer devrait cultiver l’amour des beaux-arts et le sentiment de la vénération.

I. Tout ce qui amène l’habitant d’une demeure à une vie plus noble, tout ce qui développe les sens de la vue, de l’ouïe, du toucher, tout ce qui le purifie et l’élargit, peut y trouver place. Et cependant qu’il ne croie pas qu’il soit nécessaire de posséder les beaux objets pour les apprécier, et n’essaie point de transformer sa maison en Musée. Que notre société adopte plutôt la noble coutume des Grecs ; que le culte et le goût des gens réunisse avec soin en des galeries les créations des arts plastiques, et qu’elles soient accessibles à tous, comme la lumière du soleil. En même temps, rappelons-nous que nous sommes nous-mêmes des artistes et que, dans la production du gracieux ou du grand, chacun est un compétiteur de Phidias et de Raphaël. Le cœur est la source du beau, et toute pensée généreuse illustre les murs de votre chambre. Pourquoi devrions-nous notre pouvoir d’attirer nos amis à des tableaux et des vases, à des camées et des bâtiments ? Pourquoi nous transformerions-nous en exhibiteurs et en accessoires de nos belles maisons et de nos œuvres d’art ? Si par l’esprit d’amour et de noblesse nous nous assimilons la beauté que nous admirons, nous la répandrons à nouveau autour de nous. L’homme ou la femme dont chaque geste est un sujet pour le sculpteur, et devant qui les divinités et les grâces ne semblent jamais disparues, n’ont pas besoin de l’embellissement des tableaux et des marbres ; car ils portent dans leur cœur tout l’instinct de la majesté.

Je ne déprécie pas les leçons supérieures que don-