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fréquentent. Il n’est pas d’événement plus grand dans la vie que la présence de nouvelles personnes à notre foyer, si ce n’est le développement de caractère qui les attire. Landor a finement ajouté à sa définition du grand homme : « C’est celui qui peut réunir quand il lui plaît la société la plus choisie. » Il reste une poésie de l’antique Ménandre, qui se traduit ainsi :

C’est bien moins dans les flots de boisson écumeuse,
Ou l’abondance des mets fins,
— Et pourtant la Nature, hôtesse généreuse,
Nous courtise par des festins —
Que nous espérons voir le cœur épanoui,
Que dans la société, dans l’ombre d’un Ami.

C’est le bonheur qui, là où il est vraiment connu, ajourne toutes les autres satisfactions, et rend la politique, le commerce, et les Églises, choses de peu de valeur. Car nous nous imaginons — n’est-il pas vrai ? — que quand les hommes se rencontreront comme ils le doivent, comme le font des États — chacun comme un bienfaiteur, une pluie d’étoiles filantes, riches d’actions, de pensées, de talents — ce sera la fête de la nature, que tout symbolise ; et peut-être l’Amour n’est-il que le plus haut symbole de l’Amitié, comme toutes les autres choses semblent les symboles de l’Amour. Dans le développement du caractère de chaque individu, ses relations avec les êtres les meilleurs, qui ne semblent d’abord que le roman de la jeunesse, acquièrent une plus grande importance ; et celui-là aura appris la leçon de la vie qui est versé dans l’éthique de l’amitié.

Par delà ces fins premières que sont les relations