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qui puisse jamais expliquer l’inépuisable pouvoir d’expression de la forme. Nous voyons des têtes qui tournent sur le pivot de l’épine dorsale — rien de plus ; et nous voyons des têtes qui semblent tourner sur un pivot aussi profond que l’axe de la terre — tant elles se meuvent paisibles, avec lenteur et majesté. Sur les lèvres de notre compagnon, nous voyons que les grands maîtres de la poésie et de la pensée sont présents à son esprit, ou qu’ils en sont absents. Nous lisons sur son front, quand nous le rencontrons après bien des années, qu’il est au point où nous l’avons laissé, ou qu’il a avancé à grands pas.

Tandis que la Nature et les indications qui nous viennent de l’homme suggèrent ainsi une vie véritable et élevée, une demeure égale à la beauté et à la grandeur de ce monde, nous apprenons la même leçon d’une manière spéciale de ces excellentes relations d’individu à individu que le cœur nous pousse toujours à nouer. Heureuse la maison où les relations viennent du caractère, de ce qu’il y a de plus haut, non de ce qu’il y a de plus bas ; la maison où ce sont les caractères qui s’épousent, et non la confusion et un mélange de motifs inavouables ! Alors le mariage est un contrat qui assure à chaque partie la douceur et l’honneur d’être pour l’autre un bienfaiteur calme, permanent, inévitable. Oui, et la réponse suffisante à faire au sceptique qui doute que l’homme ait le pouvoir d’élever et d’être élevé, réside dans ce désir et cette faculté d’entretenir avec les individus des rapports heureux et ennoblissants, d’où procèdent la foi et l’action de tous les hommes raisonnables.

L’ornement d’une maison, ce sont les amis qui la