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beaucoup d’aide à la question pratique que nous agitons ici. Il se peut qu’en un autre âge, le travail du monde soit plus équitablement réparti entre tous les membres de la société, de sorte qu’un petit nombre d’heures de travail suffisent aux besoins de l’homme, et ajoutent à sa force. Mais la réforme qui s’applique à la tenue de la maison ne doit pas être partielle. Elle doit redresser tout le système de notre vie sociale. Elle doit briser les castes, et placer le service domestique sur une autre base. Elle viendra lorsque chacun acceptera véritablement sa vocation propre, choisie non par les amis ou les parents, mais par le génie même de l’individu, avec sérieux et amour.

Et cette réforme n’est pas aussi désespérée qu’elle le paraît. Assurément, si nous commençons par amender les détails de notre système actuel, corrigeant quelques maux et laissant subsister les autres, nous y renoncerons bientôt, de désespoir. Car nos habitudes sociales sont très loin de la vérité et de l’équité. Mais le moyen de mettre la cognée à la racine de l’arbre, c’est d’avoir une fin plus haute. Comprenons donc que par toute son organisation, une maison doit témoigner que la culture humaine est le but en vue duquel elle a été construite et ornée. Elle existe sous le soleil et les étoiles pour des fins analogues aux leurs, et non moins nobles. Elle n’existe pas pour le plaisir ; elle n’existe pas pour le repos ; mais le pin et le chêne descendront joyeusement de la montagne pour soutenir le toit de l’homme aussi fidèle et aussi utile qu’eux, pour être l’abri constamment ouvert aux bons et aux justes — la demeure où brille la sincérité, où les fronts sont toujours tranquilles, où les manières ne peuvent être agitées ; la demeure