ne pas voir la beauté ; ne trouver aucun but chez ceux qui y vivent ; n’entendre qu’un bavardage sans fin et vide ; être obligé de critiquer ; n’écouter que pour se sentir en désaccord et éprouver du dégoût ; ne rien trouver qui fasse appel à ce qu’il y a de bon en nous-mêmes, ou qui puisse recevoir les pensées sages ; — c’est là un grand prix à payer pour le pain blanc et l’appartement chauffé — être frustré du calme, des pensées réconfortantes, et de la présence intérieure de la beauté.
Que pour réaliser notre conception du bien-être domestique, il soit aujourd’hui nécessaire d’avoir de la fortune, voilà qui accuse suffisamment notre manière de vivre, et doit certainement nous rendre attentifs à tout réformateur bien intentionné. Donnez-moi des ressources, dit l’épouse, et votre intérieur ne choquera pas votre goût et ne vous fera pas perdre de temps. En entendant ces paroles, nous comprenons comment ces Ressources ont pris dans le monde une telle importance. Et en vérité l’amour de la richesse semble croître principalement sur la tige de l’amour du Beau. On ne désire pas l’or pour l’or lui-même. Ce n’est pas l’amour d’une abondance de froment, de laine et d’objets de ménage. Il est l’instrument de la liberté et de la générosité. Nous méprisons les expédients ; nous désirons l’élégance et la munificence ; nous désirons au moins ne faire peser aucune privation ou épargne sur nos parents, les membres de notre famille, nos convives, ceux qui dépendent de nous ; nous désirons jouer un rôle de bienfaiteur et de prince vis-à-vis de nos concitoyens, de l’étranger qui est à nos portes, du barde ou de la beauté, de l’homme ou de la femme de valeur qui