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la vie cet attachement absolu dont nous parlions plus haut, la certitude de vivre toujours est une nécessité. Voyez Khiron : si dans sa vie pleine, puissante, magnifique, le centaure trouve une joie sans mélange, c’est qu’il a cette certitude :


J’étais calme, sachant que j’étais immortel[1].


Mais voici que la croyance à l’immortalité disparaît avec le spiritualisme. Partout désormais, dans Dies Iræ, Requies, le Vent froid de la Nuit, la Chute des Étoiles, Fiat Nox, le Dernier Souvenir, l’Illusion suprême[2], la mort est l’anéantissement, le rien absolu. « Ce qui fut l’homme est aboli », dit un vers de la Chute des Étoiles[3] ; et le corbeau à qui le bon abbé Séiapion parle de lame et des prophètes qui ont connu la vérité sur ses destinées, lui répond fort nettement :


    terminer, « les biens de ce monde ne seraient qu’un sujet de regret » ; Dieu encourrait « un reproche continuel de n’avoir pas perpétué le bonheur de cette vie terrestre ». Et Fourier fait voir comment la terreur de la mort serait un malheur plus grand à mesure que la vie deviendrait plus heureuse.

  1. Poèmes antiques, p. 197.
  2. Dans l’Illusion suprême [Poèmes tragiques, p. 39], le mot de néant est prononcé.
  3. Poèmes barbares, p. 225.