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nerai de son ancienne conception des choses, ébranlée par la base, par quelque chose de tout nouveau.

Quelques expressions de ces lettres continuent à nous montrer son Dieu d’autrefois, qui donne ceci ou cela[1], la Providence sage et bonne : « Confions-nous en Dieu et ne le blasphémons pas en doutant de sa sagesse et de sa bonté », écrit-il à son ami[2]. Mais cette philosophie, il semble qu’il ne fait plus que la traîner avec lui ; le véritable horizon qui s’ouvre devant lui est autre : c’est le panthéisme. Panthéisme peu assuré sans doute, puisque ses prétentions à la rigueur mathématique n’empêchent pas Leconte de Lisle d’y mêler ces idées plus ou moins chrétienne citées tout à l’heure, sans qu’il nous explique comment il s’aviserait de concilier des éléments si différents. Mais, cette réserve faite, les expressions panthéfstiques sont non équivoques. Dieu n’est plus le Seigneur, le roi du monde, dont la main a élevé les montagnes : il est l’« âme universelle » ; il est « en nous » nous sommes « une de ses manifestations éternelles »[3]. La clef pour comprendre cette philosophie, ce dernier mot nous

    nerai à l’aide des définitions que je t’ai données » ; p. 151 : « Tu ruines toi-même cette assertion, en admettant une première proposition contradictoire. »

  1. Leblond, p. 150. « Dieu ne nous a pas donné une âme et un cœur séparés l’un de l’autre. »
  2. Ibid. , p. 156. Lettre du 18 janvier 1845
  3. Ibid., p. 152 : « La contemplation interne et externe