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sent, la vision éblouissante s’efface, et il n’a pas vu le « visage du Seigneur ».


J’eus une vision, Seigneur, éblouissante !…
… Ô temple où ma pensée un instant éblouie,
Frissonnante, oublia la terre évanouie…
Tes prêtres radieux, du haut des fûts hardis,
Ont versé dans mon cœur les chants du paradis !…
... Et je vous ai cherché dans cette ivresse immense,
Dans ces murs éclatants, sur ces fronts en démence,
Dans ces hymnes gonflés d’harmonie et d’amour,
Dans ces mille soleils d’un mystérieux jour ;
… Et je vous ai cherché, vous, le calme et le sage,
Et n’ai point rencontré, Seigneur, votre visage !

Désormais, catholicisme et christianisme entrent pour lui dans l’histoire ; la prochaine fois qu’ils seront mentionnes, c’est comme culles morls ou qui agonisent, de plus en plus délaissés par les peuples[1]. Saint-Pierre « tremble sur sa base » et ne sera bientôt qu’une ruine.

  1. Le catholicisme qualifié de culte agonisant dans Architecture. — « Voici que le christianisme est mort. » (Lettre du 31 juillet 1846). — La croix, « image stérile d’une splendeur éteinte ». (La Rivière des Songes.) En parlant du christianisme encore : « ce culte s’éteint ». (Les Ascètes de 1846) Enfin, la prophétie de Niobé, qu’il considère comme en train de s’accomplir ; le Dieu chrétien


                     vaincu par de hardis mortels
    Verra le feu saeré mourir sur ses autels.