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qualifie de Seigneur[1], d’Éternel[2] et de père des hommes[3].

La religion de ce Dieu satisfait en lui cette aspiration vers l’idéal indéfinissable, toujours doué de toutes les perfections, et où toujours entre une part d’inconnu et de mystère, que ne connaît ni l’esprit positif, ni l’esprit purement philosophique, et qui est la marque distinctive de tout esprit religieux. Mais la religiosité de Leconte de Lisle correspond plus que chez beaucoup de croyants au besoin de tendresse. Car Leconte de Lisle, de sa nature, a l’âme la plus tendre et la plus douce qui soit. La douceur est ce qu’il cherche en toute chose ; ce qu’il veut louer est toujours doux ; il n’y a pas d’épithète qui revienne plus souvent dans ses vers[4]. Et la religion est la chose

    de Rouffet : « Vous vous éloignez trop de votre sujet spécial en chantant les louanges de Dieu comme créateur seulement… Vous auriez dû… réunir le chant du matin et celui du soir pour bénir Dieu. »

  1. Premières poésies et lettres intimes, p. 121 : « Sourire du Seigneur » ; p. 139 : « Et Sanzio surprend le regard du Seigneur. »
  2. Ibid., p. 12 : « Amour de l’Éternel. »
  3. Ibid., p. 153 : « Mon Dieu, rappelle donc tes trop faibles enfants. »
  4. Ibid., p. 12, « Doux Emmanuel » ; p. 17, « Douce création » ; p. 61, « Saint et doux sommeil » ; p. 86, « Doux séraphins » ; pp. 121 et 147, « Doux ange  » ; Variété, p. 50, « Doux repos » ; p. 173, « Cœur doux et solitaire ».