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sans conteste, à l’aile gauche. Il unit les joies religieuses et les « joies de la libre pensée »[1], et cela est important à constater : en effet, plus il garde son indépendance, plus ses affirmations catégoriques auront de valeur. Car, au milieu de tant d’incertitudes, il y a des choses affirmées et réaffirmées toujours et toujours : en les abordant, nous abandonnons les formes extérieures et accidentelles pour pénétrer dans le vrai fond religieux de l’esprit de Leeonle de Lisle.

Et d’abord, le nom de Dieu revient à chaque page, et ce n’est pas je ne sais quel vague Dieu-symbole ; c’est le Dieu personnel du spiritualisme chrétien, le Dieu vivant. Il est Créateur[2], le monde est son œuvre[3] ; il est le dispensateur des biens soucieux du sort des hommes, et auquel on s’adresse pour obtenir ce qu’on désire[4], qui accorde ou refuse ses dons[5]), dont on chante les louanges[6] et qu’on

  1. Premières poésies et lettres intimes, p. 183 : « Ô joies de la libre pensée, longs et doux rêves que nulle ombre n’obscurcit, ravissements inaltérables, oublis de la terre ; apparitions du ciel… Présents divins, parfums consolateurs… Vous êtes aux lèvres de l’âme un avant-goût du ciel. »
  2. Premières poésies et lettres intimes, p. 147.
  3. Ibid., p. 137 : « Votre œuvre terrestre et votre œuvre immortelle. »
  4. Ibid., p. 153 : « Nous demandons à Dieu qu’il leur donne la joie. »
  5. Ibid. , p. 153 : <poem la grande Intelligence Leur refusa du cœur l’instinctive puissance. » </poem>
  6. Ibid., p. 137, la pièce Solitude ; p. 145 parlant d’une pièce