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dans cette voie sans attendre d’être définitivement fixé sur tous les articles de foi ; il incline même à y croire (on sent bien que la thèse de ce rabbin l’étonne comme quelque chose d’insolite) ; mais enfin, quoique si bien disposé, et touché même de l’argument des prophéties, il réserve les affirmations catégoriques et ne se permet pas d’ignorer les objections possibles. Il se rapproche de la religion parce qu’il la croit bonne, non parce qu’elle s’impose ; il veut y être venu de son plein gré, par une libre adhésion de sa pensée ; et même après, il entend garder son indépendance d’esprit : il ne ferait pas comme son collègue Mille qui, dans la Variété, a publié une pièce[1] où l’on voit Faust qui vient maudire la passion de la science de l’avoir perdu. Il est tolérant pour ce qui n’est pas chrétien ; que l’on compare ses paroles si modérées sur la Grèce et le paganisme[2] aux déclamations de Nicolas, l’auteur de l’introduction à la Variété[3]. Si, dans tout groupe, il y a une droite et une gauche, sa place dans cette petite phalange de croyants est,

  1. Variété, p. 136. Les deux fantômes.
  2. Ibid. Esquisse sur Chénier. « Un jeune poète aux vierges inspirations, toutes païennes qu’elles fussent. » Et, si le christianisme est la seconde aurore, c’est que la Grèce est la première.
  3. Ibid., p. 6 : « Les croyances du paganisme étaient le honteux égout des passions et absurdités matérialistes. »