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l’homme ne peut s’en passer, ne peut vivre qu’avec esux, est-ce donc qu’il doit en renaître de nouveaux ? «t il répond : non ![1] le christianisme a été la dernière religion, le Christ, que déjà le Runoïa appelait le « Roi des derniers temps », est « le dernier Dieu que l’homme aura rêvé »[2]. Tout se termine avec lui. La religiosité-souvenir persiste encore et persistera toujours, mais la religiosité créatrice est bien morte ; il n’y aura plus de « pressentiment de forces inconnues » ni de chemin de Damas. Telle est la conclusion de la Paix des Dieux et la conélusion de l’œuvre.


Et l’Homme crut entendre alors dans tout son être
Une Voix qui disait, triste comme un sanglot :
Rien de tel, jamais plus, ne doit revivre ou naître ;
Les Temps balayeront tout cela flot sur flot.


Peut-être la fin de cette strophe éveille-t-elle comme un écho d’un vers connu ; est-ce hasard, est-ce vraiment une réminiscence du poète se rappelant le moment où il partait pour sa longue pérégrination à travers les religions, mais c’est ici presque une réponse à ce vers de la Recherche de Dieu où Leconte

  1. Il faut excepter la Joie de Siva [Derniers Poèmes] qui parle de « millions encor d’éphémères divins ».
  2. Les Raisons du Saint-Père.