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Leconte de Lisle a eu le tort d’ajouter à ses poèmes antichrétiens des brochures de propagande dans le même goût et encore plus plates. L’Histoire populaire du christianisme, qu’elle ait été rédigée par lui ou non[1], exprime en tout cas sa pensée, et il en a pris la responsabilité puisqu’il y a mis sa signature ; il faut donc en dire quelques mots. Le nom d’Histoire n’est pas bien exact, car c’est un pur pamphlet, où les faits, grands ou petits, qui peuvent montrer le christianisme sous un jour ridicule ou odieux sont énumérés par ordre chronologique, et rien de plus. « Le christianisme, et il faut entendre par là toutes les communions chrétiennes, depuis le catholicisme romain jusqu’aux plus infîmes sectes prolestantes[2] ou schismaliques, n’a jamais exercé

  1. Il se pose en effet, pour cette brochure, une petite question d’authenticité. C’est Jean Marras, paraît-il, qui a fait tout le travail d’érudition et aussi de rédaction ; Leconte de Lisle se borna à contrôler de près ce que son ami faisait, et les idées sont bien les siennes (d’après Catulle Mendès). En effet, des livres qui connaissent le Catéchisme républicain ne connaissent pas l’Histoire ; dans la Grande Encyclopédie, à l’article Leconte de Lisle, se lit même la mention suivante : « On lui attribue aussi, mais sans certitude, une Histoire populaire du Christianisme. » Ce qui est certain, c’est qu’en y mettant son nom, Leconte de Lisle en a pris la responsabilité ; et je dois ajouter que la prose en rappelle assez celle des articles sur les poètes contemporains.
  2. Leconte de Lisle ne s’est jamais soucié du protestantisme, et la seule parole qu’il ait prononcée à son adresse est tout à