Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

complète, la guerre est déclarée. Mais il y a deux directions dans lesquelles Leconte de Lisle s’engage, ou plus exactement deux plans sur lesquels se développe son antichristianisme, l’un inférieur, l’autre supérieur.

Ce que chacun appelle du nom d’antichristianisme de Leconte de Lisle, c’est ce qui est représenté par la Bête écarlate, les Siècles maudits, l’Holocauste, les fragments des États du Diable, poèmes écrits pour la plupart entre 1870 et 1876, auxquels il faut joindre les brochures en prose de la même époque. C’est la direction inférieure, le prolongement de la haine de l’Église, la fureur anticléricale. Leconte de Lisle prend le christianisme dans ses manifestations extérieures et se déchaîne contre la papauté, les moines, l’inquisition, l’ascétisme aussi. C’est alors, dans l’édition de 1874 des Poèmes antiques, qu’il introduit dans Hypatie le vil Galiléen ; un peu plus tard, dans l’édition de 1881, c’est le tour d’Hypathie et Cyrille, qui jusque-là n’était qu’un dialogue, d’être augmentée d’une scène d’introduction où la rage antichrétienne se manifeste librement. D’où cela vient-il chez un homme tel que Leconte de Lisle ? on

    casqué. Le coup de clairon qui l’annonce, c’est le sonnet des Montreurs (juin 1862), réponse aux objections qu’on avait faites aux Poésies barbares du point de vue de la sensibilité romantique.