existence, c’est de se conformer à cette loi supérieure et étrangère à l’homme ; la vie n’est plus rien, le dogme et la foi sont tout, et l’humanité a moins de prix que le dogme de l’humanité.
Les religions antiques favorisaient les puissances vitales ; elles appartenaient à des races plus ou moins pacifiques ou guerrières, mais toujours vigoureuses et pleines de sève ; avec le christianisme, la source de vie est tarie. La paix chrétienne, c’est l’humilité et l’esclavage ; le vrai chrétien est celui qui s’abaisse, se prosterne :
L’esclave rampe et prie où chantaient les épées[1].
C’est un spectacle funèbre que de voir tous ces moines flétris, desséchés, réunis en troupeaux dans leurs couvents. Tel est Hiéronymus, un honnête homme, faible, soumis, sans prétention à penser, qui est encore le type le plus inoflensif du chrétien. Mais il y a aussi une guerre chrétienne. Il y a des hommes qui ne peuvent pas s’aplatir comme Hiéronymus, en qui « la vigueur éternelle de l’âme »[2] s’est conservée : toute leur force ne sert plus au libre développement vital ; elle est mise au service du dogme tyrannique. L’homme fort est le « serviteur » qui « travaille dans la vigne » du Maître[3], et peut-