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bien aux cultes païens qu’il songe avant tout quand il écrit ces grands vers amples :


Nul n’écartera plus, vers les couchants mystiques,
La pourpre suspendue au-devant de l’autel…


Non seulement il est visible qu’il met dans le paganisme plus de grandeur mystique que qui que ce soit, mais il arrive même qu’on le prenne en flagrant délit de déformation de la réalité historique en ce sens. L’hymne védique à Surya commence par cette invocation :


Maître ! Les grandes Eaux lavent tes pieds mystiques.


Cela est bien peu védique ; pieds mystiques, c’est un écho du Bhâgavata-Purâna qui, lui, est le livre mystique entre tous, et où il est question à tout moment de solitaires qui « cherchent un refuge auprès du lotus des pieds de Bhagavat ».

Les mots tels que vénérable, auguste, reviennent à tout moment pour qualifier les croyances et les rites païens[1]. Quand, dans le Massacre de Mona, le poète s’indigne contre ce chrétien qui devant la majesté de la cérémonie païenne ne ressent « ni

  1. Nombreux traits dans le Massacre de Mona (p. 116 et p. 118) ; — Légende des Nornes : « leurs mains augustes » ; — la prière à la fin de Surya, toute la Prière védique ; — le