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CHAPITRE VII

L’idéal païen


Sentiment religieux hellénique. — Les autres polythéismes. — Naturalisme. — Pénétration de la vie par l’idéal.



La parenté entre son idéal personnel et l’idéal grec est proclamée par Leconte de Lisle très tôt, déjà dans Hélène, le premier poème qu’il ait donné à la Phalange. Cette préférence se manifeste par un trait curieux dans Khiron. Le centaure, après avoir dépeint les mœurs des habitants primitifs de la Grèce, montre ensuite les Hellènes qui envahissent le pays et les appelle « une race meilleure » ; cependant, c’est cette race-là qui a apporté avec elle la colère, la guerre, les massacres, et les Pélasges, au contraire, étaient « simples et pieux, purs de crime et de blâme »[1]. Pourquoi donc meilleure ? c’est que ces hommes belliqueux sont venus réaliser

  1. Khiron, voir les pages 200, 204 et 205 des Poèmes antiques.