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CHAPITRE VI

La revue des religions


Retour vers le passé religieux. — Les religions de l’humanité. — Paganisme grec et christianisme. — Impartialité et sympathies chrétiennes. — Rupture de l’équilibre en faveur du paganisme.



Leconte de Lisle est donc rejeté dans son pessimisme et en souffre plus que jamais. Il a touché le néant, rien n’est là qui doive le Iroubler : mais tout ce monde que son esprit nie, son cœur ne peut pas ne pas le sentir. Les luttes, les passions, toute l’agitation insensée de la vie, tout cela est comme un fardeau qu’il n’arrive pas à secouer. Cependant on ne vit pas de pessimisme, et il faut à tout prix s’en échapper. Dans le monde tel qu’il est, il n’y a pas d’issue ; Leconte de Lisle tient la vérité dernière, et cette vérité ne lui a pas encore suffi : reste le monde tel que les hommes peuvent l’imaginer. Également fatigué de la vie et de la mort, Leconte de Lisle aspire vers le rêve de ce qui est par delà la vie et la mort :