Page:Eloge de M. de Lamarck, lu à l'Académie des Sciences le 26 novembre 1832.djvu/27

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lement hasardées : l’une, que les substances n’entrent dans les combinaisons que modifiées dans leur essence ; et l’autre, qu’il n’est pas raisonnable de croire que la nature puisse les faire tendre à un pareil changement. — Ôtez une de ces bases et tout s’évanouit.

Nous venons de dire qu’à cette époque M. de Lamarck se croyait donc encore dans l’impossibilité de remonter à la première origine des êtres vivants ; c’était un grand pas à faire, mais il le fit promptement. Dès 1802, il eut dans ses Recherches sur les corps vivants[1] une physiologie à lui, comme dans ses Recherches sur les principaux faits physiques il avait eu une chimie. L’œuf, à ses yeux, ne contient rien de préparé pour la vie avant d’être fécondé, et l’embryon du poulet ne devient susceptible du mouvement vital que par l’action de la vapeur séminale ; or, que l’on admette l’existence dans l’univers d’un fluide analogue à cette vapeur, et capable d’opérer sur les matières placées dans les circonstances favorables ce qu’elle opère sur les embryons, qu’elle organise et rend propres à jouir de la vie, et l’on concevra à l’instant les générations spontanées. La chaleur à elle seule est peut-être l’agent de la nature pour ces ébauches d’organisations : peut-

  1. Recherches sur l’organisation des corps vivants, et particulièrement sur son origine, sur la cause de ses développements et des progrès de sa composition, et sur celle qui, tendant continuellement à la détruire dans chaque individu, amène nécessairement sa mort.

    Précédé du discours d’ouverture du cours de zoologie donné dans le Muséum d’histoire naturelle, l’an X de la république. Paris, 1802, 1 vol. in-8o.