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fixant lui-même de nouveau. Dans la plus grande force de son expansion, il est en état de lancer la lumière en blanc, en rouge ou en violet-bleuâtre, suivant la force avec laquelle il agit, et c’est l’origine des couleurs du prisme ; c’est aussi celle des teintes que l’on remarque à la flamme des bougies. La lumière, à son tour, a aussi le pouvoir d’agir sur le feu, de le refouler dans les corps, et c’est ainsi que le soleil fait naître sans cesse de nouvelles sources de chaleur ; hors de là, tous les composés que l’on observe sur le globe sont dus aux facultés organiques des êtres doués de la vie, dont on peut dire, par conséquent, qu’ils ne sont pas dans la nature, et lui sont même opposés, puisqu’ils refont sans cesse ce que la nature tend à détruire sans cesse. Les végétaux combinent directement les éléments ; les animaux forment des composés plus compliqués en combinant ceux que les végétaux ont formés ; mais il y a dans tout corps vivant une force qui tend à le détruire : ils meurent donc tous, chacun à son terme, et toutes les substances minérales, tous les corps inorganiques dont on peut trouver des exemples, ne sont que des résidus, des débris des corps qui ont eu vie, et dont se sont dégagés successivement les principes les moins fixes. Les produits des animaux les moins simplifiés sont les matières calcaires, ceux des végétaux sont les humus et les argiles ; les uns et les autres, en se débarrassant de plus en plus de leurs principes moins fixes, passent à l’état siliceux, et finissent par se réduire en cristal de roche, qui est l’élément terreux dans sa plus grande pureté. Les sels, les pyrites, les métaux ne diffèrent des autres minéraux que parce que certaines circonstances y ont accumulé, dans des proportions diverses, une plus grande quantité de feu carbonique ou acidifique. »