Page:Eloge de M. de Lamarck, lu à l'Académie des Sciences le 26 novembre 1832.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mosphère, sur ceux des corps vivants, sur l’origine du globe et ses révolutions. La psychologie, la haute métaphysique même ne lui étaient pas demeurées tout à fait étrangères ; et sur toutes ces matières il avait un ensemble d’idées arrêtées, originales par rapport à lui, qui les avait conçues par la force de sa tête, mais qu’il croyait également nouvelles pour le monde, et surtout aussi certaines que propres à renouveler toutes les sciences humaines. Il ressemblait à cet égard à tant d’autres solitaires, à qui le doute n’est jamais venu, parce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion d’être contredits. Dès qu’il eut une existence assurée, il s’occupa d’en faire part au public ; pendant vingt ans il les a reproduites sous toutes les formes, et il les a fait entrer même dans ceux de ses ouvrages qui y paraissaient le plus étrangers : nous sommes donc d’autant plus obligés de les faire connaître, que sans elles une partie de ses meilleurs écrits seraient inintelligibles ; on ne comprendrait pas l’homme lui-même, tant il s’était identifié avec ses systèmes, tant le désir de les propager, de les faire prévaloir, l’emportait à ses yeux sur tout autre objet, et lui faisait paraître ses plus grands, ses plus utiles travaux, comme de légers accessoires de ses hautes spéculations.

Ainsi, pendant que Lavoisier créait dans son laboratoire une chimie nouvelle appuyée d’une suite si belle et si méthodique d’expériences, M. de Lamarck, sans expérimenter, sans même aucun moyen de le faire, en imaginait une autre qu’il ne craignait pas d’opposer à celle que les acclamations de l’Europe presque entière venaient de si bien accueillir.

Dès 1780 il n’avait pas craint de présenter cette théorie en manuscrit à l’Académie des sciences ; mais ce ne fut qu’en 1792 qu’il la publia sous le titre de Recherches sur les causes