Page:Eloge de Blaise Pascal n°4 - Blaise Pascal naquit à Clermont en 1623 - FR-631136102.pdf/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mélancolique, caractère qui donne, plus que tout autre, l'ardeur et la constance nécessaire pour s'occuper aux grandes choses. il produit dans un homme de lettres, l'assiduité et l'opiniatreté. les heures de la récréation étaient consacrées à percer les mystères qu'on voulait lui cacher. une indication devenait, pour lui, un trait de lumière. dans les moments où son esprit aurait dû prendre du repos, où, par précaution, on lui avait enlevé les livres qu'il poursuivait ; il trouvait le moyen d'éluder cette surveillance, formait des triangles, traçait des cercles et des parallélogrammes en ignorant le nom de ces figures. quand son père l'aperçut dans cette occupation, il devina l'homme extraordinaire et ne mit plus d'entraves à sa curiosité. à onze ans il composa un traité sur les sons, à douze ans il lisait les propositions d'Euclide et tenait déjà un rang distingué dans les assemblées : de ce moment il s'élança, à pas de géant, dans la carrière des sciences qu'il disait être le plus noble exercice de l'esprit humain, mais il fut étonné d'avoir si peu à vaincre pour dépasser toutes les notions connues alors. les mathématiques et la phisique sortaient des ténèbres, la révolution que galilée et descartes avaient préparée, s'accomplissait rapidement, la poésie, déjà florissante depuis un siècle en italie, commençait à jeter son éclat en france, en angleterre ; mais le jeune émule d'archimède promettait déjà à sa patrie des lumières plus vives et des idées plus sûres sur les systèmes universels qui sortaient du chaos.

Quand Pascal entra dans le monde, c'était un temps de crise pour les mœurs nationales, la puissance des grands, abaissée et contenue par