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exposer méthodiquement dans un récit les opinions morales et théologiques des casuistes qui jusque là s’étaient mêlés de disputes religieuses, ce n’eut été que suivre une marche fort ordinaire, et surtout très monotone. le dialogue promettait plus d’intérêt et bien plus de ce piquant avec lequel on est toujours sûr de pouvoir plaire à un lecteur français ; aussi en l’introduisant dans ses lettres pascal fit la plus heureuse innovation. en les lisant ce n’est pas l’auteur que l’on croit entendre, mais bien les personnages intéressés à nous faire connaître leurs opinions : ici c’est un Moliniste et un Janséniste se traitant l’un l’autre d’hérétique, plus loin c’est ou deux Molinistes, ou deux Jansénistes disputant entr’eux sur le point principal qui divise les deux sectes et montrant par l’embarras où ils sont de le préciser eux-mêmes le ridicule et la folie de leur querelle : les demandes, les réponses des différents personnages, leurs aveux, leurs récriminations, les conséquences étranges qu’on est forcé d’en déduire toute la forme une action que nos meilleurs auteurs dans le genre comique ont eu peine à imiter. Le nombre rôle des nombreux acteurs mis en scène