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connaissance, aux yeux de qui il ferait triste figure, vu que le brouillard n’est plus un voile assez épais quand les gens se rapprochent. Mais lorsqu’enfin il se trouva dans les ruelles bien connues de Raveloe, sans avoir rencontré âme qui vive, il réfléchit à part lui que c’était là une partie de sa chance habituelle. Cependant le brouillard, aidé par l’obscurité du soir, était devenu un voile plus épais qu’il ne le désirait. Il lui cachait les ornières dans lesquelles ses pieds étaient exposés à glisser, — il lui cachait toute chose, de sorte qu’il dut guider ses pas en traînant son fouet contre les petits buissons qui croissaient le long de la haie. Il devait, pensait-il, bientôt arriver près du passage donnant accès aux Carrières. Il le trouverait au moyen d’une brèche qui existait dans cette haie. Mais ce fut une circonstance à laquelle il ne s’attendait point qui le lui fit découvrir ; à savoir, certains rayons de lumière qu’il devina immédiatement provenir de la chaumière de Silas Marner. Sur son chemin, cette chaumière et l’argent qui y était caché avaient continuellement hanté son esprit, et il avait imaginé différentes manières de cajoler et de tenter le tisserand pour que celui-ci, séduit par l’appât des intérêts, se séparât sans retard de l’argent qu’il possédait. Il semblait à Dunstan qu’il faudrait peut-être ajouter quelques menaces aux cajoleries, car ses notions d’arithmétique n’étaient point assez nettes pour lui fournir aucune démonstration probante des profits de l’in-