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vendre une bête lorsqu’on lui en offrait moitié plus qu’elle ne valait. Vous aurez de la chance si vous en trouvez cent livres sterling. »

Là-dessus, Keating s’étant avancé, le marché se compliqua. Il fut enfin conclu, Bryce devenant acquéreur moyennant cent vingt livres sterling payables à la remise d’Éclair, sain et sauf, dans les écuries publiques de Batherley. Il vint bien à l’esprit de Dunsey qu’il serait prudent de sa part de renoncer à la chasse ce jour-là, de se rendre immédiatement à Batherley, et, après avoir attendu le retour de Bryce, de louer un cheval qui le ramènerait à la maison avec l’argent en poche. Cependant, le désir de faire une partie de chasse, stimulé par sa confiance en son étoile, ainsi que par une gorgée d’eau-de-vie provenant de son flacon de poche lors de la conclusion du marché, n’était pas facile à vaincre, considérant surtout qu’il montait une bête qui exciterait l’admiration des chasseurs en franchissant les clôtures. Mais Dunstan en franchit une de trop, et il empala son cheval sur un pieu de haie. Sa personne disgracieuse et tout à fait invendable échappa sans se faire aucun mal, tandis que le pauvre Éclair, inconscient de sa valeur, roula sur le flanc, et rendit, douloureusement le dernier soupir. Il était arrivé que Dunstan, peu de minutes auparavant, avait été forcé de descendre pour arranger un de ses étriers. Il avait proféré force imprécations contre ce retard qui le reléguait derrière la chasse, au moment du triomphe. Sous le coup de cette exas-