débattre. Il s’était créé des liens qui lui ravissaient tout mobile salutaire d’action et qui l’exaspéraient sans cesse.
Cependant, il y avait une situation pire encore : celle qui l’attendait lorsque le vil secret serait découvert ; aussi, le désir qui, chez lui, triomphait continuellement de tous les autres, c’était d’éloigner le malheureux jour où il aurait à supporter les conséquences du ressentiment violent de son père, pour la blessure infligée à l’orgueil de la famille, — où il lui faudrait peut-être renoncer à ce bien-être et à cette dignité héréditaires qui, après tout, étaient une sorte de raison de vivre, en emportant avec lui la certitude qu’il était à jamais banni de la vue et de l’estime de Nancy Lammeter. Plus le délai se prolongerait, et plus il y aurait de chances d’être affranchi, au moins de quelques-unes de ces conséquences odieuses auxquelles il avait livré son être, — plus il lui resterait d’occasions de saisir l’étrange plaisir de voir Nancy, et de recueillir quelques faibles marques d’un reste d’affection pour lui. Il était poussé vers ce plaisir par accès et fréquemment, après avoir passé des semaines entières à éviter la jeune fille, lorsqu’elle lui apparaissait dans le lointain, comme un ange aux ailes brillantes, — prix radieux dont la vue ne faisait que l’exciter à s’élancer en avant, et lui rendre ses chaînes d’autant plus cruelles. Un de ces accès le possédait alors, et l’ardeur de son désir eût été assez violente pour lui persuader de confier