tout plaisir serait à jamais perdu. La dernière concession qu’il pût faire à Dunstan à propos du cheval, commença à lui paraître facile auprès de l’accomplissement de la menace faite à son frère. Toutefois, sa fierté ne voulut pas lui permettre de reprendre la conversation sans continuer la querelle. Dunstan s’y attendait, et buvait sa bière à plus petites gorgées que de coutume.
« Il vous sied bien, s’écria Godfrey d’un ton amer, de parler avec autant d’indifférence de la vente d’Éclair, la dernière chose qu’il me soit permis d’appeler mienne, et la plus jolie bête que j’aie jamais eue de ma vie. Si vous aviez en vous une étincelle d’orgueil, vous seriez honteux de voir nos écuries vides et tout le monde s’en moquer. Mais j’ai la conviction que vous vendriez votre propre personne, ne fût-ce que pour avoir le plaisir de faire sentir à quelqu’un qu’il vient de conclure un mauvais marché.
— Oui, oui, dit Dunstan, avec beaucoup de calme, vous me rendez justice, à ce que je vois. Vous savez que je suis une perle lorsqu’il s’agit d’amadouer les gens pour les amener à traiter. C’est pour cette raison que je vous conseille de me laisser, à moi, le soin de vendre Éclair. Je le monterais demain à la chasse à votre place, avec plaisir. Je ne paraîtrais pas aussi élégant que vous en selle, mais c’est sur le cheval qu’on enchérira et non sur le cavalier.
— Oui, c’est cela,… vous confier mon cheval !
— Comme il vous plaira » dit Dunstan, frappant