en agissant ainsi, lui parurent plus insupportables que le mal actuel. Les résultats d’un aveu n’étaient pas douteux : ils étaient sûrs, tandis que la dénonciation restait incertaine. De cette certitude envisagée de près, il retomba dans le doute et l’irrésolution avec un sentiment de repos. Le fils déshérité d’un petit squire, également peu disposé à travailler la terre ou à mendier[1], se trouvait presque aussi impuissant qu’un arbre déraciné, qui, favorisé par le sol et l’atmosphère, s’était considérablement développé dans l’endroit même où il n’était à l’origine qu’un rejeton. Peut-être en serait-il venu à songer à travailler la terre avec quelque gaieté, s’il lui avait été donné d’obtenir Nancy Lammeter à ce prix. Mais, puisqu’il lui fallait la perdre sans retour, quoi qu’il fît, et l’héritage aussi, — puisqu’il devait briser tout lien, si ce n’est celui qui le dégradait et ne lui laissait aucun motif d’essayer de reconquérir sa meilleure nature, il ne pouvait s’imaginer qu’il lui restât, après l’aveu de sa faute, d’autre avenir que de s’engager comme volontaire. C’était la détermination la plus désespérée après le suicide, aux yeux des familles honorables. Non ! mieux valait pour lui se fier au hasard qu’à sa propre résolution, — mieux valait rester assis au festin, buvant le vin qu’il aimait, même avec l’épée suspendue au-dessus de sa tête et la terreur au cœur, que se précipiter dans les froides ténèbres où
- ↑ Saint Luc XVI, 3. (N. du Tr.)