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« Eh bien, maître Godfrey, que me voulez-vous[1] ? dit Dunsey, d’un ton moqueur. Vous êtes mon aîné et mon supérieur, vous savez ; force m’était de venir, du moment que vous m’aviez envoyé chercher.

— Eh bien, voici ce que je veux, — mais secouez d’abord votre ivresse, et écoutez, s’il vous plaît, » — dit Godfrey, d’un ton furieux. Il avait lui-même bu un peu plus que de raison, afin d’essayer de changer sa tristesse en colère aveugle. « Je veux vous dire qu’il faut que je remette au squire ce fermage de Fowler, ou que je l’avertisse que je vous l’ai donné ; car il menace d’une saisie pour cela, et tout se découvrira bientôt, que je l’en informe ou non. Il vient de déclarer, avant de sortir, qu’il allait mander à Cox d’opérer cette saisie, si Fowler ne venait pas payer son arriéré cette semaine. Le squire est à court d’argent, et il n’est pas d’humeur à supporter aucune sottise. Vous savez ce dont il vous a menacé, si jamais il vous trouvait encore à dépenser follement son argent. Ainsi, faites en sorte de vous procurer cette somme, et assez promptement, en tendez-vous ?

— Oh ! » dit Dunsey, en ricanant, comme il se rapprochait de son frère et le regardait en face, « supposons maintenant que vous vous procuriez l’argent vous-même, pour m’en épargner la peine, qu’en dites-vous ? Puisque vous avez été assez bon pour me le remettre, vous ne me refuserez pas l’amabilité de le

  1. Il n’est pas d’usage de tutoyer en Angleterre. (N. du Tr.)