poche que celui où il mettait la main. Mais si M. Godfrey ne changeait pas de conduite, il pouvait dire « adieu » à Mlle Nancy Lammeter.
C’était ce Godfrey, naguère donnant de si grandes espérances, qui se tenait les mains dans les poches de son habit et le dos tourné au feu, dans le salon aux sombres lambris, à une heure avancée de l’après-midi, un jour de novembre de cette quinzième année de la résidence de Silas Marner à Raveloe. La lumière grise et pâlissante éclairait faiblement les murs ornés de fusils, de fouets et de queues de renard ; les habits et les chapeaux jetés sur les chaises ; les gobelets d’argent exhalant une odeur de bière éventée ; le feu à moitié éteint, et les pipes appuyées dans les coins de la cheminée : signes d’une vie domestique dépourvue de tout charme saint, avec lesquels l’expression de sombre ennui du visage blond de Godfrey était en triste harmonie. Il semblait écouter dans l’attente de l’approche de quelqu’un. Bientôt, le bruit d’un pas pesant, accompagné de sifflements, se fit entendre à travers le grand vide de l’entrée du vestibule.
La porte s’ouvrit, et un jeune homme trapu et lourdaud entra, avec le visage rouge et l’air gratuitement vainqueur qui caractérisent la première phase de l’ivresse. C’était Dunsey. À sa vue, la figure de Godfrey se dépouilla d’une partie de son aspect sombre, pour prendre l’expression plus active de la haine. Le bel épagneul brun qui était couché sur l’âtre, se retira sous la chaise, au coin du foyer.