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le roi George[1]. Mais ce serait grand dommage si M. Godfrey, l’aîné, beau jeune homme à la physionomie franche et d’un bon caractère, qui devait hériter un jour des propriétés, se mettait à suivre la même voie que son frère, ainsi qu’il avait semblé le faire récemment. S’il continuait de la sorte, Mlle Nancy Lammeter serait perdue pour lui ; car on savait bien qu’elle était toujours restée très réservée à son égard depuis la Pentecôte de l’année précédente, époque où l’on avait tant parlé, parce qu’il n’était pas revenu à la maison plusieurs jours de suite. Il y avait là quelque chose qui n’était pas convenable, — quelque chose qui n’était pas ordinaire, c’était évident, attendu que M. Godfrey ne paraissait pas avoir la moitié de ce teint frais et de cette physionomie ouverte qu’il avait autrefois. À une certaine époque tout le monde disait : quel beau couple lui et Mlle Nancy feraient ! et si elle pouvait devenir la maîtresse de la Maison Rouge, il y aurait un joli changement, les Lammeter ayant été élevés de telle façon qu’ils ne souffraient jamais qu’une pincée de sel fût gaspillée. Cependant, tous les gens de leur maison obtenaient ce qu’il y avait de meilleur, chacun suivant son rang. Avec une telle bru, le vieux squire réaliserait des économies, lors même qu’elle n’apporterait pas un sou en dot ; car il était à craindre que, malgré ses revenus, le squire Cass eût plus de trous dans la

  1. George III, roi d’Angleterre, qui naquit en 1738 et régna de 1760 à 1820, époque où il mourut. (N. du Tr.)