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en rapport avec les tranches de bœuf et les fûts de bière : elles se faisaient sur un grand pied et duraient longtemps, principalement pendant l’hiver. Après que les dames avaient empaqueté leurs meilleures robes et leurs fontanges dans des cartons, et s’étaient risquées à passer à gué les cours d’eau en temps de pluie et de neige, assises en trousse sur des coussins avec leur précieux fardeau, — alors qu’on ne pouvait dire jusqu’où l’eau s’élèverait, — on n’allait pas supposer qu’elles s’attendissent à un plaisir éphémère. C’est pour cette raison que l’on s’arrangeait toujours, dans la morte saison, — époque où il y avait peu de travail, et où l’on trouvait les heures longues, — pour que plusieurs voisins tinssent successivement table ouverte. Aussitôt que les plats de fondation du squire Cass n’étaient plus aussi frais ni aussi abondants, ses convives n’avaient rien de mieux à faire que de remonter un peu le village, afin de se rendre chez M. Osgood, aux Vergers. Là, ils trouvaient des échinées et des jambons intacts, des pâtés de porc venant de recevoir le dernier coup de feu, et du beurre tréfilé[1] dans toute sa nouveauté ; en fait, tout ce que l’appétit de gens ayant des loisirs pouvait désirer, et de meilleure qualité, peut-être, que chez le squire Cass, bien que l’abondance ne fût pas plus grande. Car la

  1. Texte : spun butter. Dans le N. de l’Angleterre, après que le beurre est sorti de la baratte, on le met quelquefois dans une autre machine, d’où il sort sous l’apparence de fils d’or. Il ressemble alors au vermicelle ou au macaroni. (N. du Tr.)