ruine, vers lequel leurs habitudes de prodigalité et la mauvaise exploitation de leurs terres les entraînaient rapidement. Je fais maintenant allusion au village de Raveloe et aux paroisses qui lui ressemblaient, car la vie de nos anciens paysans se présentait sous beaucoup d’aspects différents. Il en est ainsi de toute existence qui s’est répandue sur une surface variée, où soufflent, dans des directions diverses, une multitude de courants — depuis les vents du ciel jusqu’aux pensées des hommes — qui se meuvent et se croisent éternellement, en produisant des résultats incalculables. Raveloe était situé dans un bas-fond, au milieu d’arbres touffus et de chemins sillonnés d’ornières, loin des courants de l’activité industrielle et de la ferveur puritaine : les riches mangeaient et buvaient à leur aise, acceptant la goutte et l’apoplexie comme des choses qui se transmettaient mystérieusement dans les familles honorables, et les pauvres pensaient que les riches étaient tout à fait dans leur droit de mener joyeuse vie. D’ailleurs, les festins de ceux-ci avaient pour résultat de multiplier les restes, qui étaient l’héritage des premiers. Betty Jay sentait l’odeur de la cuisson des jambons du squire, mais la forte envie qu’elle avait d’en manger, était calmée par le jus onctueux dans lequel on les faisait bouillir ; et, quand les saisons ramenaient les grandes réunions joyeuses, tout le monde les regardait comme une excellente aubaine pour les pauvres. En effet, les fêtes de Raveloe étaient
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