piration. Mais le soir, venaient ses délices ; le soir, il fermait les volets, barrait les portes et retirait son or. Depuis longtemps le monceau était devenu trop grand pour tenir dans le pot de fer, et il avait fabriqué, pour mettre les pièces, deux sacs de cuir épais, qui ne perdaient pas de place dans leur lieu de repos ; car la souplesse de l’enveloppe les faisait s’adapter à tous les coins. Quelles étaient brillantes les guinées lorsqu’elles coulaient des ouvertures noires du cuir ! L’argent n’entrait qu’en petite proportion dans le montant de la somme comparativement à l’or, parce que les grandes pièces de toile qui formaient le travail principal de Silas, étaient toujours payées en partie avec de l’or, et qu’il affectait l’argent à ses besoins matériels, choisissant toujours les shillings[1] et les demi-shillings pour les dépenses de cette nature. C’étaient les guinées qu’il aimait le mieux, mais il ne voulait pas changer les grosses pièces d’argent : les couronnes et les demi-couronnes qu’il avait gagnées lui-même, et qui étaient le fruit de son labeur, il les aimait aussi. Il étalait ses pièces en monceaux et y plongeait les mains ; puis, il les comptait et en formait des piles régulières ; il pressait la rondeur de leur contour entre son pouce et ses autres doigts, et il songeait avec tendresse aux guinées qui n’étaient encore qu’à moitié gagnées par le tissage, comme si elles eussent été des enfants encore
- ↑ La valeur nominale du shilling est de 1 fr. 25. (N. du Tr.)