Page:Eliot - Silas Marner.djvu/318

Cette page n’a pas encore été corrigée

Une légère rougeur se répandit sur te visage de Marner, et disparut comme une lueur éphémère. Eppie s’étonnait seulement que M. Cass parlât ainsi de choses qui n’avaient rien de commun avec la réalité. Quant à Silas, il était blessé et mal à son aise.

« Je ne vois pas oit vous voulez en venir, monsieur, » répondit-il, les mots ne lui venant pas pour exprimer les sentiments complexes qu’il éprouvait en entendant parler M. Cass.

« Eh bien, voici ce que je veux dire, Marner, reprit Godfrey, résolu à en venir au fait. Mme Cass et moi, vous le savez, nous n’avons pas d’enfants. Nous n’avons personne qui puisse profiter de l’aisance de notre demeure, et de tout ce que nous possédons en dehors de cela, — ce qui est plus que ce qu’il nous faut. Et nous voudrions avoir quelqu’un qui nous tint lieu de fille. Nous désirerions avoir Eppie, et la traiter sous tous les rapports comme notre propre enfant. Ce serait une grande consolation dans votre vieillesse, je crois, si vous voyiez sa fortune assurée de cette manière, après que vous avez eu la peine de l’élever si bien. Il est juste que vous en soyez pleinement récompensé. Et Eppie, j’en suis sûr, vous aimera toujours et vous sera toujours reconnaissante. Elle viendrait vous voir souvent, et nous ne laisserions échapper aucune occasion de faire tout ce que nous pourrions pour vous rendre heureux. »

Un homme sans façon, comme l’était Godfrey Cass, parlant sous l’influence de quelque difficulté, bre-