— Libre à vous d’envisager la chose de cette façon, Marner, mais moi, je ne le pourrai jamais. J’espère que vous me laisserez agir d’après mes sentiments de justice. Je sais que vous vous contentez facilement : vous êtes un homme qui avez travaillé dur toute votre vie.
— Oui, monsieur, dit Marner, d’un ton méditatif. Je n’aurais pas été heureux sans mon travail : c’est cela qui m’a soutenu lorsque j’étais abandonné de tout le reste.
— Ah, » dit Godfrey, appliquant exclusivement les paroles de Marner aux besoins matériels du tisserand ; « Votre métier a été bon dans ce pays, parce qu’il y a eu beaucoup de tissage à faire. Mais vous devenez quelque peu âgé pour ce travail assidu, Marner. Il est temps de vous retirer et de vous reposer un peu. Vous paraissez bien abattu, bien que vous ne soyez pas encore un vieillard, il me semble.
— Cinquante-cinq ans, monsieur, aussi exactement que je puis l’assurer, dit Silas.
— Oh, mais, vous pouvez vivre encore trente ans. Voyez le vieux Macey ! Et cet argent sur la table, ce n’est, après tout, que peu de chose. Il n’ira pas loin d’une manière ou de l’autre, — qu’il soit placé à. intérêt, ou que vous deviez vivre sur la somme tant qu’elle durera. Il n’irait pas loin, même si vous n’aviez à songer qu’à vous seul,… et vous avez deux personnes à entretenir depuis bien des années. Nous désirerions vous venir en aide.