Page:Eliot - Silas Marner.djvu/309

Cette page n’a pas encore été corrigée

naître ; je n’aurais pas dû vous cacher ce secret. Il m’était impossible de supporter l’idée de renoncer à vous, Nancy. J’ai été forcé d’épouser cette femme, j’ai souffert pour cela. « 

Nancy restait toujours silencieuse, les regards baissés. Godfrey s’attendait presque à la voir se lever immédiatement, et dire qu’elle allait retourner chez sou père. Comment pourrait-elle avoir quelque pitié pour des fautes qui devaient lui paraître si noires, étant données la simplicité et la sévérité de ses principes ?

Enfin, elle leva ses regards vers ceux de son mari, et parla. Il n’y avait aucune indignation dans sa voix, — il n’y avait que l’expression d’un profond regret.

« Godfrey, si vous m’aviez seulement dit cela il y a six ans, nous aurions pu faire une partie de notre devoir envers l’enfant. Croyez-vous que j’aurais refusé de la prendre, si j’avais su qu’elle fût votre fille ? »

À ce moment, Godfrey sentit toute l’amertume d’une erreur qui n’avait pas été simplement inutile, mais qui avait déjoué son propre but. Il n’avait pas apprécié cette femme avec laquelle il avait vécu si longtemps. Mais elle parla de nouveau, et avec plus d’agitation qu’auparavant.

« Et puis, ô Godfrey, si nous l’avions eue tout d’abord ; si vous vous étiez attaché à elle ainsi que vous le deviez, elle m’aurait aimée comme une mère,