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— Mais, mon enfant chérie, » dit Silas, en mettant là sa pipe, comme s’il était inutile de faire semblant de fumer plus longtemps, « vous êtes trop jeune pour vous marier. Nous demanderons à Mme Winthrop, nous demanderons à la mère d’Aaron ce qu’elle en pense elle-même. S’il y a une bonne voie à suivre, elle la trouvera. Pourtant il faut songer à ceci, Eppie ; les choses changent nécessairement, que nous le voulions ou non ; elles ne resteront pas longtemps dans l’état où nous les voyons aujourd’hui, sans subir de modification. Je deviendrai plus âgé et plus faible, et je serai un fardeau pour vous probablement, si je ne vous quitte pas tout à fait. Non pas que je veuille dire que vous penseriez à me considérer comme une charge : je sais bien que non, mais ce serait bien lourd pour vous. Lorsque je me représente cela, j’aime à songer que vous pourriez avoir une autre personne que moi, — quelqu’un de jeune et de fort qui vous survivrait, et prendrait soin de vous jusqu’à la fin. »

Silas fit une pause, et, plaçant ses poignets sur ses genoux, il éleva et abaissa alternativement les mains, tandis qu’il méditait, les regards fixés sur le sol.

« Alors, voudriez-vous me voir mariée, papa ? dit Eppie, d’une voix un peu tremblante.

— Je ne suis pas homme à dire non, ma fille, répondit Silas, d’un ton énergique. Mais nous demande-